dimanche 8 mai 2011

Remettre le NPA sur les rails de son projet fondateur

Deux ans après la création de notre Nouveau Parti Anticapitaliste, des révolutions éclatent partout dans le monde arabe, des révoltes et autres résistances sociales se multiplient en Europe, montrant la réponse appropriée à la crise du capitalisme. Tous ces évènements témoignent, s’il en était encore besoin, que le NPA est un outil indispensable et du rôle qu'il doit pouvoir jouer dans la période. Mais le congrès de février 2011 a aggravé le désarroi des militants plutôt que fait progresser la construction de notre parti.
Le résultat le plus clair du congrès a été l’auto-reproduction d'une direction qui ne tire pourtant aucun bilan de son action et à laquelle aucun mandat clair n’a été donné. Sa légitimité est donc sérieusement mise en doute. Nous avons construit le NPA pour nous doter d'un outil politique qui dépasse les groupes d'extrême gauche, rassemble largement les anticapitalistes et touTEs celles et ceux qui veulent changer de société et non l’aménager. L'outil est toujours pertinent, l'espace politique est là.
Les derniers mois ont montré que notre parti était bien vivant et pouvait être utile : participation aux mobilisations contre la réforme des retraites, campagnes pour les droits des femmes, campagnes antiracistes, campagnes de soutien aux révolutions arabes, participation à la campagne BDS, et aujourd’hui, lancement de la campagne contre la prochaine réforme de la dépendance par Sarkozy, campagne contre la tenue du G8 et du G20, etc. 
Malheureusement, le congrès n'a pas tiré parti de cette vitalité pour aller plus loin sur ce qui nous rassemble, pour donner des règles lisibles au fonctionnement interne du NPA et pour que les militantEs (notamment les nouveaux-elles) puissent s’approprier véritablement les tâches de construction. Ce projet ambitieux et novateur, le NPA, est aujourd'hui en danger. La crise actuelle ne pourra se résoudre sans faire le bilan des deux années écoulées et sans débattre à nouveau  touTEs ensemble de la construction de notre parti, et sans critiquer fermement l’illusion qu’une candidature (et un éventuel « bon score ») d’Olivier aux présidentielles permettrait de résoudre toutes nos difficultés. Au contraire, ce congrès a fait éclater au grand jour la crise de direction qui existe depuis déjà plusieurs mois dans l'organisation.
La première erreur a été de noyer les questions de construction dans des textes d'orientation générale. Si on y ajoute qu'au cours du congrès les textes d'orientation ont été discutés en plénière, la construction réelle du NPA n'a pas pu être débattue tout au long du congrès, en dehors des commissions qui se sont tenues sur le bilan - pendant deux heures - sans aucun vote sur des propositions réelles pour l'avenir. Et pourtant, ça n'est pas faute d'investissement des militants, ni manque d'intérêt des délégués. Alors que des textes et des motions ont été votés lors des AG pour être discutés au congrès, aucun travail de diffusion de ces contributions n'a été fait jusqu'au congrès, ni pendant ces trois jours. Résultat: ce travail de tout les comités sur une multiplicité de thèmes, véritable richesse pour le parti, et qui aurait dû faire l'objet d'un débat propre à en dynamiser la réflexion, a été totalement ignoré.
La deuxième grosse erreur a été l'absence totale de débat collectif sur la direction dont nous avons besoin à l'étape actuelle de la construction du NPA. A aucun moment les critères sur lesquels la direction devait être constituée n'ont été débattus. Ces questions ont été plus ou moins traitées dans les différentes plateformes, alors qu'il s'agit d'une direction pour l'ensemble du parti et qu'il aurait dû y avoir une discussion collective.
La commission des candidatures prévue (regroupant l'ensemble des positions) n'a pas du tout fonctionné. L'avis des comités comme celui des instances n'a pas été consulté. Résultat : nous avons aujourd’hui une direction qui risque de passer à côté des échéances à venir. Ainsi, pour donner deux exemples, au moment où le FN reprend l'offensive, il n'y a personne au CPN pour la commission antifasciste. De même, tandis que des révolutions éclatent dans les pays arabes, un seul camarade a été élu au titre de la commission internationale.
En général, les élus (indépendamment de leur tendance) devraient l'être au titre d'une responsabilité de construction locale, de secteur ou de branche, et c’est sur cette base qu’ils devraient faire des bilans au congrès suivant.
Par ailleurs, le CPN n'est pas assez représentatif de ce qu'est le NPA, notamment, en termes géographiques : 53 membres du CPN sont dans le 75 ou le 93 sur 161 membres, alors qu'il n'y en a aucun dans le 78 ni dans le 95 sans compter la région Champagne Ardennes qui n'en a pas non plus.
Du côté de la sociologie du CPN, les professions n'ayant pas été prises en compte et n'étant pas indiquées, il est difficile de connaître précisément le secteur d'intervention des membres du CPN. Néanmoins, il est clair que certains secteurs sont sur-représentés (l'enseignement, notamment), alors que les salariéEs du privé, précaires et privéEs d’emploi, etc., sont trop peu nombreux. Nous pouvons suivre l’exemple de la parité femmes/ hommes : si les femmes ne sont malheureusement qu’un tiers des membres du NPA, la parité au CPN vise à corriger cette disparité, provisoire, espérons-le. Il serait ainsi bon d'être volontariste dans l'élection de notre direction pour qu'elle reflète davantage ce que nous voulons pour le parti, c'est-à-dire une direction à l'image des militantEs, de la diversité de nos interventions, de nos professions, de nos régions et enfin de nos priorités affichées : jeunesse, entreprises, quartiers populaires.
Nous revendiquons au quotidien le meilleur des traditions du mouvement ouvrier dans nos syndicats, associations, collectifs, etc. Nous ne pouvons donc continuer à construire une organisation qui ne pratique pas ce qu'elle revendique. Élection de dirigeants sur la base de bilans et de mandats clairs, limitation des mandats dans la durée pour permettre une véritable rotation, révocabilité des élus (et donc bilans réguliers des instances dirigeantes, nationales et locales), travail coopératif permettant de former de nouveaux dirigeants et de nouvelles dirigeantes doivent être plus que des mots d'ordre si l’on veut voir émerger une véritable démocratie interne. Un parti qui critique la bureaucratisation du mouvement syndical doit se fonder sur des pratiques exemplaires et un fonctionnement compréhensible pour touTEs. C’est la condition sine qua non pour que la construction du NPA – dans la jeunesse, le monde du travail ou les quartiers populaires – soit prise en charge par l’ensemble des militantEs.
Nous demandons à ce que le CPN ne reproduise pas, pour l'élection du Comité exécutif, les erreurs du congrès :

·      En l'absence de bilan détaillé, il n'y a aucune raison pour que les membres du CE sortant  soient reconduits automatiquement.
·      Que les membres du CE soient élus pour assumer des tâches politiques précises correspondant aux orientations du NPA dans la période actuelle et que le CE reflète enfin le meilleur des traditions du mouvement ouvrier en conformité avec le projet initial du NPA.
·      Que la répartition des rôles entre CPN, CE et commissions soit redéfinie, afin que le CPN ne soit pas uniquement une chambre d'enregistrement des décisions du CE, mais l'instance qui définisse véritablement les orientations entre deux congrès.
·      Qu’en complément des textes fondateurs, une durée ou un nombre pour la limitation des mandats (CPN, CE) soit enfin défini.
·      Pour que la richesse de l’élaboration des commissions soit utile au CPN, il faudrait que chaque commission puisse y mandater l’un de ses membres. Ainsi chaque commission pourrait suivre les débats et apporter sa contribution selon l'ordre du jour.

La conférence nationale du mois de juin peut être, si nous le décidons rapidement, l'occasion de discuter et commencer à résoudre les problèmes non réglés au congrès pour se remettre en marche. La construction du NPA doit être le premier point à l'ordre du jour de la conférence et être débattue par tout le NPA dans les trois mois qui viennent.
Dresser le bilan des différents secteurs d'intervention et de toutes les commissions, discuter avec les membres fondateurs qui sont partis, faire les bilans de notre mode de fonctionnement, des campagnes, trouver des solutions aux difficultés rencontrées (cotisations, souscription, campagnes...) est indispensable pour élaborer des perspectives crédibles de construction et de développement. Ce n'est qu'à la condition que nous ayons un socle commun, politique et organisationnel, que nous pourrons aborder la campagne présidentielle dans les meilleures conditions. C'est aussi la  condition indispensable pour mener les discussions politiques qui intéressent toutes et tous les militantEs (notamment l'état du mouvement social après la défaite sur les retraites, la  montée du FN et la tactique vis-à-vis du Front de Gauche). Quel que soit le choix final sur la candidature.

       Inquiets, mais déterminés à en revenir aux principes et à l'esprit du congrès de fondation, nous nous constituons en en groupe de discussion et de propositions pour sortir le NPA de sa crise.


SIGNATAIRES : Thibault Blondin (Montreuil 93), Dominique Angelini (Vitry 94), Patrick (75018), Séb (31), Emmanuelle Plantevin-Yanni  (sud-ouest Lyon 69), Véronique Decker (Bobigny 93), Totem (94), Milo (Industrie graphique 91), Didier Levy (Fontenay 94), Gérard (91), Jean-Yves Lesage (CPN, Industrie Graphique 93), Fanny X (31), Guillem (Bobigny 93), Christelle Glemet (inspection du travail 75), Alan (Montreuil 93), Pierre Odin (Science-Po 75), Julien Sergère (Saint-Ouen 93), Éliane (91), Bernard (Vitry 94), François Brun (75020), Sylviane (Fontenay 94), Tof (Montreuil 93), Fred S. (Industrie Graphique 93), Solène Brun (75), Jérôme (93), Sylvain (75020), Jean-Paul Brinon (Industrie Graphique 93), Manu (Industrie Graphique 93), Éléonore (75020), Pascal (personnels esr 75), Jojo (Industrie Graphique 93), Pierre (75018), PP (Montreuil 93), Ugo (75), Fabien Sacor (75018), Pierre C. (Montreuil 93), Ludo (75), Émilie (93), Carlos (Nord Essonne 91), Valérie (Rosny sous bois 93), Vincent (Nord 19e 75), Pascal (Ivry 94), Olivier Foucher (Montreuil 93), Erwan B (Industrie graphique 93), François Grosbois (75020), Carine (91)), Gérald (Clichy 92nord), David Dauver (91), Nadia B. (75018), Leïla Bon (Vigneux 91), Charlie (94), Régis (75013), Flora (fac Paris III 75), Amaël (Saint-Denis université 93), Sébastien Ville (Aulnay 93), Salomé Losa (75020), Emmanuelle (Saint-Denis 93), Manue (75018), Michel Auslender (75), Marco (75020), Marie (Bobigny 93), Ester (91), Nicolas (75014), Christine (Ivry 94), Étienne (Saint-Denis 93), Jérôme Vernay (42 Nord).