mercredi 11 mai 2011

Pour un nouveau parti

Nouvelle époque, nouvelle période, nouveau parti : c'est cette problématique qui a conduit à la construction du NPA en considérant de plus que le type de parti issu de l'après-68 ne correspondait plus à la situation, au moins en ce qui concerne l'Europe. En effet, dans une situation de recul important de la conscience de classe et où le mouvement ouvrier est sur la défensive (ce qui n'exclut ni mouvement social d'ampleur : sur les retraites en 2010 ou en Grèce 2009, pour ne prendre que ces exemples), la forme-parti extrêmement délimité sur le plan politique ne peut fonctionner. Le pari était audacieux et si aujourd'hui, le projet est manifestement en crise, il est toujours d'actualité et indispensable.
Aborder les questions de  construction et de fonctionnement du NPA, à partir des 2 premières années d'existence est indispensable, répondre aux interrogations des militantes et militants, aux doutes de celles et ceux qui sont en ce moment en stand-by, est indispensable pour éviter qu'à court terme, il ne reste de tout ceci rien de nouveau, une organisation sans dépassement (voir au pire une réduction) de l'ancienne LCR. Beaucoup de camarades rétorquent qu'il faut régler les questions d'orientation au préalable. Cette argumentation est un retour aux logiques de confrontation et de fonctionnement de parti des années 70 où pour avancer, fonctionner il fallait se mettre d'accord sur tout. Or, que ce soit sur la question des alliances électorales, sur celle des religions ou bien d'autres, les divergences existeront toujours et seront à retraiter à chaque moment en fonction de l'analyse concrète des faits concrets.
Il est illusoire de considérer qu'il serait possible de se mettre d'accord sur tout de façon durable à moins d'être dans une logique de découpage à l'extrême du parti en courants voire en fractions. Notre dernier congrès (type congrès de Rennes du PS du début des années 90)  est l'illustration que cette logique conduit à l'impasse, que nombre de militantes et militants ne s'y retrouvent pas et qu’elle est source de découragements. Pire : alors qu'il s'agissait de construire un parti large et ouvert, le poids de la direction centrale apparaît pour beaucoup à la fois comme incontournable et comme un obstacle pour dépasser les difficultés. Heureusement que la plupart des comités et instances fonctionnent et avancent de manière bien plus responsable.
Le contexte politique actuel dans les pays européens devrait conduire à considérer les questions sur le moyen et long terme : il n'y aura pas de transcroissance rapide d'un parti type NPA en parti de masse à court terme ; il n'y a pas non plus de raccourci qui le permettrait. Il s'agit donc de s'atteler à une vision moins spontanéiste de la construction du parti que celle qui prévalait implicitement lors du congrès de 2009, dans une situation où nous pouvons être durablement à contre-courant.
Ceci suppose plusieurs pistes de discussion :
●         Revenir sur la place centrale des courants occupée lors des congrès : bien sûr, ceux-ci doivent être présents avec tous les droits d'expression et d'organisation, mais une pondération devrait exister permettant la représentation des instances (comités, coordinations de comités,  commissions) au CPN comme cela avait été évoqué par plusieurs contributions. Il s'agit de rompre avec la conception d'une construction du parti par le haut, par ses courants qui a prévalu au congrès, ceci étant contradictoire avec la priorité donnée au congrès de fondation  aux comités, et structures de base. Un tel changement qui devrait intervenir au prochain congrès permettrait de faire du CPN un véritable outil d'animation de mettre de la fluidité dans notre fonctionnement général et de bien mieux mutualiser les compétences nombreuses qui existent dans le NPA
●         Limiter le nombre de mandats consécutifs au CPN et au CE doit être aussi un objectif pour le prochain congrès. (On ne peut pas revendiquer pour la société dans son ensemble ce que l'on ne s'applique pas à nous-mêmes).
●         La constitution de nos comités sur base géographique de manière quasi exclusive élude et marginalise de fait notre travail entreprises et notre travail syndical. Sans bouleverser cette structuration, ces 2 questions mériteraient une réflexion approfondie. Le succès de notre conférence du 11 décembre malgré une préparation tardive est un point d'appui incontestable.
●         L'articulation entre notre propagande, nos journaux locaux, l'hebdomadaire, la revue et l'activité quotidienne sont aussi à traiter rapidement ; si des comités achètent et vendent le journal avec difficulté certes, mais avec des résultats, cela devrait être largement généralisable.
La conférence du mois de juin devrait être l'occasion de commencer à aborder ces points, de façon à irriguer l'ensemble du parti dans ce débat d'ici notre prochain congrès. 

Bernard, le 2 mai 2011.