dimanche 29 mai 2011

Un Nouveau Parti, Vraiment !

Texte pour le Bulletin intérieur (Conférence nationale de juin 2011)

Le congrès fut un échec. Et la Conférence nationale qui vient risque fort de reproduire les mêmes insatisfactions. Affrontement des tenors des tendances en dehors de toute préoccupation du parti réel, du travail des comités, de l’implication dans les mobilisations, des succès et difficultés rencontrés par les militants.

A l’issue du congrès du NPA nous avons mis en place un groupe de réflexion. La confiscation du débat par les directions de tendances, l’élitisme des modes de débats, l’absence de transparence pour l’élection au CPN, l’absence d’investissement de la direction sur la construction et l’animation pratique des comités et le fonctionnement peu transparent et démocratique des tendances sont des obstacles à la sortie de la crise du NPA. Élaborer des propositions concrètes pour y remédier est au cœur de nos travaux. Nous avons déjà publié plusieurs textes et motions, non prises en compte à ce jour par la direction qui figurent sur notre blog :


En réponse à certains contradicteurs qui affirment que les problèmes du NPA sont d’abord d’ordre politique nous affirmons qu’un débat sur le type de parti et le fonctionnement du parti que nous voulons est pleinement politique Cette problématique était  le cœur du débat du congrès de fondation !

Pour nous le NPA n’est pas tant « nouveau » de par son programme politique que par sa volonté de rassembler des militants anti-capitalistes d’origines différentes et de rompre avec le fonctionnement élitiste des organisations issues de 68 qui n'a pas permis leur élargissement à des  couches sociales plus populaires 

Nous ne sommes pas une tendance « de plus » et d’ailleurs les camarades de notre groupe de réflexion vont voter des motions différentes ou s'abstenir  pour la prochaine CN, bien souvent en choisissant « le moindre mal ».

Ensemble ils et elles veulent cependant exprimer ensemble quelques idées :

Un bulletin de débat annoncé par mail une semaine avant son bouclage est une caricature démocratique. Un outil à satisfaire certaines franges du parti et les Don Quichotte de la Web-démocratie. Nous marquons notre préférence pour donner à tous le temps nécessaire à l’élaboration collective pour produire du commun.

Il est urgent de tenir une Conférence nationale sur les questions de fonctionnement du parti, du mode de débat, de la place des tendances, des modalités de vote et d’élection de la direction nationale. Urgent de donner un rôle central aux comités de base et d’accorder à leur vie réelle beaucoup plus d’attention et de soin. Urgent de réfléchir à nos outils de communications, à leur confection comme à leurs cibles. Il est urgent de mettre en place les outils pour que le prochain congrès se passe différemment.

Enfin et alors que toutes les motions A,B,C considèrent qu’il faudra un(e) candidat NPA en 2012, il est indispensable que  la direction de l’organisation travaille à une motion rassemblant une très large majorité en conclusion des travaux de la Conférence de juin !

Le groupe de réflexion NPV!


lundi 23 mai 2011

Réunion à Paris du groupe de travail : lundi 30 mai à 19h (à Taine)


Le groupe de travail "Un nouveau parti, vraiment !" se réunira au local parisien du NPA (rue de Taine), le lundi 30 mai à 19h. Cette réunion est ouverte à tou-te-s les militant-e-s du NPA qui aspirent à retrouver l'élan du projet fondateur en questionnant les pratiques, le fonctionnement, la démocratie interne et les conditions de construction de notre organisation. 

Réunion-débat à Lyon ouverte à tou-te-s les militant-e-s du NPA

Nous proposons à tout-e-s les militant-e-s du NPA, quelles que soient leurs tendances, de participer à un débat régional le samedi 28 mai 2011 de 9h à 14h sur le thème :

- Si l'émancipation est notre projet, qu'est ce que l'émancipation?
- Comment une politique émancipatrice est elle possible, dans quel cadre organisationnel?
- Le NPA répond-il, aujourd'hui, à ces questions?

Suite au deuxième congrès de notre parti, des insatisfactions diverses, portées par des militants non moins variés, ont surgi (ou ressurgi).
Une réunion a été programmée à Lyon le samedi 19 mars 2011 pour évoquer les problèmes ressentis à l'occasion de ce congrès.

Quelques points (à questionner) ont été soulignés:

·  Les rapports entre militant-e-s de sensibilités différentes semblent compliqués. L'organisation interne de notre parti ne paraît pas favoriser l'appropriation du débat politique par l'ensemble des militants.
·  Les rapports entre militant-e-s "de base" et les instances du parti paraissent insatisfaisants (au moins pour certain-e-s).
·  La partition en tendances du NPA pose question, sous sa forme actuelle. Il semblerait que ces tendances soient, aujourd'hui, des instruments stratégiques de "prise de pouvoir" qui figeraient les positions. Elles ne seraient pas (ou peu) des outils de débat, de négociation, voire d'expérimentation, permettant une dynamique de notre organisation.

Un désir (partagé par tous les participant-e-s à cette réunion?) a été émis:

Retrouver l'élan fondateur du NPA qui était basé (selon les présent-e-s) sur le pari de faire vivre et agir ensemble des points de vue divers, issus de différentes traditions anticapitalistes.
Il s'agirait donc, en s'appuyant sur un bilan critique des deux années d'existence du NPA, de tenter de générer une nouvelle dynamique interne au sein de notre parti. Cette dynamique s'opposerait à l'actuelle "guerre de positions" qui paraît peu compatible avec notre ambition: inventer le socialisme du XXIè siècle".
En conclusion, notre axe de travail n'est certainement pas de créer une nouvelle tendance au sein du NPA, ce qui ne serait pas en adéquation avec notre questionnement actuel, mais bien de susciter un débat interne, éminemment politique, (sans masquer les différences, voire les divergences) sur les réels objectifs de notre organisation, et donc sur son fonctionnement.

Alors, comment ne pas réduire (et par là délégitimer) les espaces critiques dans le NPA à des instances oppositionnelles?

A l'APEMO (12 rue Pisay à Lyon – 2è étage porte à gauche)
Contact Sandrine LARIZZA : slarizza@wanadoo.fr
Prévoir un repas à partager sur place

samedi 21 mai 2011

De l'ABC de l'anticapitalisme à 1, 2, 3, 4 : on prend les mêmes et on r'commence ?


Quelques enjeux du congrès et de son bilan

Dimanche soir 13 février, à la clôture du congrès du NPA, nous avons présenté avec Sandrine de Lyon une motion (non soumise au vote) posant le problème d'un fonctionnement exclusivement organisé autour des plateformes et des tendances, et de ses conséquences pour la structuration des débats dans le NPA et la représentation des camarades qui ne s'y retrouvent pas. Le petit succès d'estime et les applaudissements ont semblé révélateur de ce que le ras-le-bol que nous exprimions entrait en résonance avec le sentiment général d'un certain nombre de congressistes. Dans une situation de blocage des discussions politiques, de verrouillage et de rétrécissement de la direction du NPA, à l'issue d'un congrès (au mieux) pour rien, ils semblaient dire « plus jamais ça », et se demander un peu sonnés, « mais comment en est on arrivé là ? ».

Pour essayer de comprendre la logique de cette situation, il peut-être utile de se demander – même un peu tard – quels auraient pu être les enjeux réels du premier congrès du NPA, et si nous n'avons pas raté collectivement quelque chose sur cette question.

Avant le congrès, les choses semblaient claires. Il s'agissait pour un NPA divisé et à la direction affaiblie, de retrouver une cohérence politique dans le débat d'orientation et de régler sa crise de direction par une recomposition des positions au sein du CPN/CE autour soit d'un élargissement de la 1, soit d'un axe majoritaire qui aurait pu être 1-2 ou 1-3 selon les préférences de chacun-e des camarades. Une solution parfaite dans la meilleure des traditions de la 4ème internationale en quelque sorte, et en parfaite cohérence avec la manière dont se sont déroulées les discussions préparatoires au congrès. C'est cette logique là qui s'est trouvée en échec. Non pas, ou pas seulement en tout cas, par la mauvaise volonté des un-e-s ou des autres, encore moins par l'expression ultra marginale des quelques un-e-s qui la contestaient, mais tout simplement peut-être parce le NPA n'est pas la LCR. Les fonctionnements, les codes, les pratiques qui n'avaient pas besoin d'être interrogés dans la Ligue parce qu'ils faisaient parti du socle commun et de l'expérience collective et acceptée de la très grande majorité des camarades ne marchent tout simplement plus et mènent dans une impasse.

L'autre versant de cet échec, bien plus dramatique en fait qu'un congrès raté, c'est le bilan des effectifs du NPA. Passe encore que pour la galerie et la presse on en positive l'interprétation. Mais discutons sérieusement entre nous. 3 550 votant-e-s dans les assemblées générales électives c'est un résultat très mauvais et très inquiétant qui devrait être le centre de nos discussions de bilan. Admettons même que, comme nous le prétendons dans le communiqué de résultat des AG électives locales, cela corresponde à un effectif réel de 6 000 membres. Cela signifie alors que moins de 60% des camarades se sont investi dans les discussions du premier congrès, un taux de participation inférieur à celui de la plupart des élections bourgeoises dans ce pays ! Sur les près de 10 000 membres fondateurs du NPA, presque les 2/3 ont donc soit carrément quitté le parti soit n'y ont pas trouvé leur place au point de n'avoir pas pu s'approprier les débats politiques et de s'en être retirés... ce qui à mon sens revient quasiment au même.

Des camarades ont fait aux questions que nous portions au congrès avec Sandrine le reproche de séparer discussion de fonctionnement et politique et, en mettant l'accent sur la première, de dépolitiser le débat. Il me semble que c'est l'inverse qui est vrai. La discussion sur les pratiques nous oblige à remettre au centre de nos préoccupations des questions fondamentales sur le projet même du NPA et ses enjeux, questions que la discussion d'orientation telle qu'elle s'est déroulée depuis deux ans a largement occultées et qui ont été en tout cas les grandes absentes du congrès comme de sa préparation.

À moins de se résoudre à ce que le NPA continue à se rétrécir quantitativement comme qualitativement vers son noyau trotskyste en rejetant progressivement tout ce qui est hétérogène et hétérodoxe en son sein, il me semble indispensable de se saisir largement de ces questions. J'espère que ce texte y contribuera modestement.

Le NPA de A à … 4

Le premier congrès du NPA n'aura donc pas réussi à sortir des logiques d'affrontement de plateformes qui ressemblent de plus en plus à des tendances ne disant pas leur nom et autour desquelles s'articule toute la discussion politique interne. Vu la manière dont le CPN a été constitué, on a toutes les raisons de ne pas être très confiant dans un changement rapide en la matière...

Cela pose de graves problèmes pour le fonctionnement démocratique du NPA. D'abord parce que cela signifie que la source de la légitimité politique et les cadres d'élaboration se déplacent des comités et des structures collectives du parti vers les tendances. Nous le disions dans la motion présentée au congrès et je n'ai pas un mot à y modifier aujourd'hui : « de nombreux-ses camarades ne se reconnaissant pas, ou pas complètement, dans les tendances existantes, et se retrouvent ainsi écartés du débat ou forcé-e-s de faire un choix par défaut qui ne les satisfait pas. (...) Ainsi, de nombreux-se camarades se retrouvent invisibles, sans poids sur les débats et décisions du parti. Pourtant les statuts précisent que « nous voulons construire une organisation où chacun, chacune, puisse trouver sa place à l'égale de tous les autres... ». J'ajouterai simplement que je me demande de plus en plus si ces camarades invisibilisés et mis à l'écart ne représentent pas la seule majorité réelle du parti...

Il y a une deuxième dimension à cette question démocratique. Le fonctionnement de nos plateformes, comme d'ailleurs l'ensemble des modalités du congrès et de la discussion préparatoire ont été repris sans discussion et sans autre forme de procès de l'existant de la LCR. Calcul ou simplement parce que ça existait, qu'il n'y avait pas vraiment d'autre proposition et qu'on savait le faire ? Peu importe. Cela signifie une énorme inégalité entre celles et ceux pour qui les règles du jeu font partie d'un capital politique commun, accepté et maîtrisé, et les autres qui non seulement les découvrent au fur et à mesure mais, en plus, doivent les prendre tels quels sans espace possible de discussion et de remise en cause. Cela veut dire aussi que pour cette raison même, cela ne marche pas. Différents modes de fonctionnement démocratique peuvent exister, ils présentent chacun des avantages, des inconvénients, des limites et des possibilités qu'il faut discuter. Mais en tout état de cause, ils ne peuvent fonctionner que sur la base d'un accord partagé, explicité et accepté sur ce qui est légitime et ce qui ne l'est pas, et cet accord aujourd'hui n'existe pas dans le NPA. De nombreux-ses camarades pensaient que des recompositions dans la 1 permettraient au cours du congrès l'émergence d'un nouveau pôle majoritaire. Il y a probablement bien des raisons pour lesquelles cela n'a pas eu lieu mais il me semble en tout cas qu'une négociation de courant pour une recomposition au sommet en cours de congrès, qui aurait été légitime dans la LCR, aurait été vécue comme un profond – et supplémentaire – déni de démocratie par bien des camarades qui n'avaient pas voté pour cela dans leurs AG locales, toutes positions confondues d'ailleurs.

Bien sûr l'existence des plateformes du NPA recouvre de réelles questions politiques qu'il ne s'agit ni de nier ni de minorer, pas plus qu'il ne s'agit ici de contester la légitimité des plateformes, des tendances ou des courants en général. Mais la manière dont elles se sont constituées et dont la discussion s'est déroulée depuis 2 ans a de lourdes conséquences politiques.

Les regroupements qui se sont cristallisés au moment du débat sur les régionales n'ont que peu évolués depuis. ABC est donc devenu 123+4 et les clivages sont restés construits essentiellement sur le rapport aux élections... que, avec certes quelques nuances, la grande majorité des camarades sont d'accord pour dire tactiques et secondaires. Bien sûr, les textes d'orientation parlent aussi d'autres choses et dans une certaine mesure dessinent des profils de partis différents. Mais combien de camarades ont dû choisir leur vote malgré le contenu des textes sur tout un tas d'aspects de toute façon très peu explicités et très peu discutés ? Combien l'ont fait au final parce qu'ils pensaient soit qu'il fallait bien trancher pour aller vers 2012 et que c'était bien là le principal choix offert par les textes d'orientation, soit par élimination sur le principe du moins pire ? Et combien de camarades ont dû choisir en ayant le sentiment de participer à  un affrontement fratricide évitable si la discussion avait été construite autrement ?


Rapports politiques, logiques d'appareils et rapports de pouvoir

La logique du débat de tendance contient sa propre dynamique toujours problématique qui pousse à chercher le clivage, la délimitation et la construction du rapport de force plutôt que la construction commune et la remise en cause. Cela ne veut pas dire qu'elle ne présente que des inconvénients. Elle est aussi dans certaines situations la manière dont peuvent s'exprimer des points de vue différents et se construire des expérimentations. Comment gérer cette contradiction ? C'est ce qui devrait être discuté largement si nous avions le souci de prendre collectivement en main la construction de notre vie démocratique.

Mais il me semble que la question des tendances n'est pas séparable d'une problématique plus large sur les fonctionnements et les pratiques militantes. Prendre le meilleur des traditions du mouvement ouvrier, cela ne peut pas se résumer seulement à ré-ouvrir des aspects limités de la discussion programmatique. Cela doit vouloir dire aussi questionner notre héritage en termes de fonctionnement et de mœurs et c'est peut-être sur ce terrain que se trouve justement le pire de nos traditions, un « pire » que nous nous condamnons à reproduire si nous ne l'interrogeons et ne le critiquons pas.

Il n'y a jamais eu dans l'extrême gauche de bureaucratie, pas en tout cas dans le sens que donne à ce mot l'analyse trotskyste traditionnelle, pas au sens où on critique la bureaucratisation des appareils staliniens ou des organisations syndicales. La base matérielle – des privilèges sonnants et trébuchants à préserver – n'en existait pas, pas plus bien évidemment qu'elle n'existe dans le NPA. Cela n'a pas empêché pour autant les logiques d'appareils et de pouvoir avec des conséquences politiques – sectarisme, dogmatisme – et organisationnelles dévastatrices.

Ces mécanismes traversent l'organisation à tous les niveaux et s'expriment dès que les rapports entre camarades cessent de se construire comme des rapports politiques entre militant-e-s autonomes et égaux, décidant en toute indépendance des formes et du niveau de leur engagement, par exemple dès que s'exercent pressions morales, culpabilisation ou fonctionnement « à l'affectif », rapports personnalisés ou d'autorité, dès qu'apparaît une distinction entre ceux qui savent et ceux qui suivent. Les dynamiques de groupes construisent alors des solidarités apolitiques ou faussement politiques, blagues et rapports personnels constituent innocemment le eux et le nous, et les marqueurs identitaires remplacent discussion politique et réflexion autonome.

Sur cette base, se développent les logiques qui, à tous les échelons, des comités à la direction nationale en passant par les commissions, verrouillent et institutionnalisent les positions de pouvoir. Se renforcent également le poids des groupes constitués et des appareils issus comme extérieurs à l'ancienne LCR. Nos tendances elles-mêmes sont toutes déjà des coalitions de ces groupes, continuant, avec certes quelques nouveautés et retournements, les alliances entre courants issus ou proches  de l'ex-LCR. Les rapports de forces se construisent à la fois au sein des tendances pour définir les règles de la cohabitation et entre elles pour assurer le partage des zones d'influences dans le parti. Le NPA se structure dans la négociation permanente entre ces groupes, sa direction fonctionnant plus pour s'auto-reproduire comme point d'équilibre dans ces rapports de force que comme porteuse d'une politique issue d'une véritable élaboration collective et démocratique du parti.

Quand la préservation de l'appareil et la consolidation des positions de pouvoir deviennent un enjeu et une fin en elles-mêmes, le groupe finit par tourner essentiellement autour de sa propre reproduction. La nécessité de l'homogénéisation prend le pas sur les dynamiques d'émancipation, les pressions morales remplacent les rapports politiques et la construction du même tue toute forme d'autonomie individuelle dans l'activité militante. Il me semble que ces logiques sont non seulement au cœur de l'échec de l'extrême gauche de la deuxième moitié du vingtième siècle mais encore responsables d'un gâchis humain et militant colossal. Que la LCR ait été celui des trois courants trotskystes françaises qui ait de loin le moins mal résisté à ce phénomène (et je le dis avec l'expérience de 12 ans de LO...) n'en protège pas pour autant le NPA et ses divers sous-courants...


Fausses ouvertures ou vraies remises en question ?

L'état de la discussion politique depuis deux ans et encore pour ce congrès est par bien des aspects un reflet de cette situation. Trop souvent, les textes à clés, inaccessible au fond pour le commun des camarades, sont plus le reflet de négociations d'influences que d'une réelle discussion politique s'adressant à l'ensemble du parti. On y trouve la petite phrase qui fait plaisir à chacune des composantes de la tendance et les spécialistes en trotskologie pourront les disséquer pour lire entre les lignes comment l'évolution des formules reflète celle des rapports internes entre les groupes qui composent les plateformes. Dans le parti, ces textes servent bien plus à cliver et à comptabiliser des rapports de force qu'à élaborer ou à chercher des dynamiques collectives larges.

Les réflexes d'appareils et les logiques de groupes construisent un mode de discussion où il vaut mieux affirmer que questionner, se replier sur ses fondamentaux, regrouper et resserrer les rangs plutôt que remettre en cause et douter. La conséquence en est un débat politique dérisoire, sans originalité et sans remise en discussion des questions fondamentales. On assiste finalement à une guerre de tranchée avec escarmouches régulières pour des positions de détail montées en épingle, un espèce de match au point sans grand intérêt qui laisse une grande partie des camarades un peu groggy et surtout... spectateurs. On réussi l'exploit d'avoir un débat à la fois très clivé et qui pourtant évite soigneusement les véritables questions.

Il y avait pourtant à la naissance du NPA et pendant tout le déroulement de son processus constituant une vraie promesse d'autre chose, d'une volonté de « faire de la politique autrement ». Cette affirmation reposait-elle sur un quiproquo ? Quand nous affirmions notre volonté de ne pas fermer les questions, de ne pas apporter un programme clé en main et de travailler à réunir « le meilleur des traditions du mouvement ouvrier », s'agissait il bien d'entrer dans un processus de re-discussion, de refonte, de questionner au fond nos histoires pour commencer à poser collectivement ce qui pourraient être les bases théoriques, programmatiques autant que pratiques d'un socialisme adapté aux réalités du 21ème siècle ? Ou au contraire, s'agissait-il d'ouvrir suffisamment d'ambiguïtés pour attirer des camarades nouveaux et d'horizons divers avant de pouvoir les convaincre de ce que, bien sûr, au fond, « le meilleur des traditions du mouvement ouvrier » ce sont les idées les réponses et les pratiques que nous portons depuis toujours ? En gros, s'agissait-il d'enclencher une dynamique suffisamment large pour casser nos propres cadres et travailler à la transformation qualitative de nos propres paradigmes ou d'élargir quantitativement ce qui était la base de la LCR et de travailler à la transformation... de celles et ceux qui nous ont rejoint et qu'il faut convaincre que nous avions, que nous avons et que nous aurons inévitablement raison ?

Ma conviction est que c'est la première de ces réponses qui correspond aux exigences de la période comme aux attentes des quelques milliers de camarades qui ont rejoint ou ont regardé vers le NPA depuis d'autres horizons que ceux du trotskisme. C'est par contre la seconde qui semble se dessiner comme une perspective d'échec dramatique tant dans les pratiques que dans les discussions des deux premières années du NPA et particulièrement dans le resserrement qui marque ce congrès.

Pourtant de quel bilan historique dispose le courant dont nous sommes issus (je veux dire moi venant de LO comme la plupart des militant-e-s venant de la LCR ou d'autres obédiences trotskistes) pour être si fier et si affirmatif sur la justesse de ces pratiques et de ces fondamentaux ? Depuis au moins le déclenchement de la seconde guerre mondiale, c'est à dire en plus de 70 ans, à aucun moment il n'a réussit à se mettre en situation de peser le moindre poids sur quoi que ce soit ou d'intervenir en quoi que ce soit dans le cours mondial de la lutte de classe – qui ne s'est pas arrêtée pour autant, elle, heureusement. Nous sommes passés à côté des révolutions coloniales comme de la plupart des révoltes ouvrières et, si nous avons été comme des poissons dans l'eau (tiens, déjà) et avons largement profité de mai 68 et de la période qui a suivi en France pour nous développer, nous y avons joué un rôle négligeable ou en tout cas pas dirigeant de quoi que ce soit. Nous ne sommes pour rien dans la chute des régimes staliniens à l'est et les révolutions du monde Arabe aujourd'hui se font sans nous, ce qui ne nous empêche pas d'ailleurs d'avoir parfois plein de bons conseils et de leçons à leur donner. Sur le terrain politique, nous n'avons anticipé et impulsé ni l'émergence des problématiques écologiques ni celle des mouvements féministes ou des sexualités et même leur prise en compte aujourd'hui est pour le moins limitée. Certes sur ces derniers terrains, la LCR a un bilan moins catastrophique que ses cousines  du POI ou de LO. Certes nous avons joué un rôle dans le déclenchement du mouvement contre le CPE et tou-te-s les militant-e-s issus du courant LO se souviennent encore avec émotion de la grève Renault de... 1947. Mais soyons sérieux.

En 70 ans aucun de nos courants – et pas plus ceux dont c'est la priorité et la raison d'être affichée – n'a réussi à s'implanter et à gagner une influence significative dans des secteurs notables de la jeunesse ou de la classe ouvrière, sinon de manière épisodique et quasiment exclusivement à travers l'étiquette syndicale. Mais cela ne nous empêche pas de continuer à affirmer la priorité de l'intervention et de l'implantation ouvrière... en n'ayant pas grand chose de neuf à proposer que ce qui échoue depuis presque trois quart de siècle.

Il ne s'agit ici ni de se flageller, ni de jeter les bébés avec l'eau des bains, ni d'affirmer que tout est périmé et inutilisable, bien au contraire. Ce bilan est largement celui de tous les courants de l'extrême gauche et il est le reflet d'une crise globale de l'ensemble du mouvement ouvrier. Mais il signifie par contre que nous avons devant nous une vraie tâche de remise en cause et en question fondamentale. Cela signifie aussi que nous devrions intégrer profondément que nous n'avons de leçon à donner à personne et que toutes les expériences sont légitimes à égalité de considération, y compris à l'intérieur du NPA. Cela, enfin, devrait nous convaincre que nous avons beaucoup plus de questions à poser que de réponses à apporter et qu'il y a un problème à ce que nos textes contiennent plus de point d'exclamation que de points d'interrogation !

Le bilan des discussions politiques des deux premières années du NPA est très loin d'être à la hauteur de ces enjeux. Les questionnements ne manquent pas pourtant qui pourraient féconder à la fois discussions théoriques, renouveau des pratiques, dynamiques de construction et intervention dans les luttes. Comment réfléchir en profondeur l'articulation des formes d'auto-organisation et notre nécessaire intervention dans un syndicalisme profondément bureaucratisé ? Comment penser l'apport des pensées critiques extérieures au marxisme ou hétérodoxes, qu'il s'agisse des courants intellectuels de la sociologie, de la philosophie, des théories féministes et du genre, de l'écologie radicale ou des critiques de l'universalisme ? Comment intégrer les questionnements sur l'articulation et le croisement des dominations et les traduire en pratique dans l'articulation de nos engagements et de nos luttes ? Comment surmonter les vieilles divisions des mouvements ouvriers et révolutionnaires et s'enrichir des expériences libertaires, autonomes, et, par exemple, de leurs critiques de la forme-parti et des pratiques anti-autoritaires ?

Ces préoccupations existent dans le NPA. Certaines sont portées dans des commissions, dans des cercles restreints ou par des camarades individuellement. Mais elles n'irriguent pas le débat large du parti. Le seul embryon d'une démarche dans ce sens a été le texte sur nos réponses à la crise, le seul d'ailleurs à avoir recueilli une vraie majorité dans les votes. Mais à cette exception près, n'est-il pas dérisoire au regard de notre projet que nos principales discussions aient été un mauvais remake du débat réforme / révolution de 1898, des enjeux de cuisine électorale et un débat laïcité voile religion tellement mal posé qu'il ne pouvait que cliver plus que faire bouger des lignes ?

Le NPA sort de son congrès sans majorité, avec une direction non seulement encore moins légitime que dans la période précédente mais aussi beaucoup moins ouverte et représentative de la réalité du parti. Mais le parti lui est, me semble t-il, encore vivant. Le projet est de toute façon plus d'actualité que jamais et il n'est pas question de l'abandonner en chemin. Mais il est en grande difficulté et je suis convaincu que nous n'en sortirons pas en revenant aux vieilles recettes mais au contraire en faisant appel à tout ce qu'il peut compter de divers et d'iconoclaste. Pas en cherchant des majorités de raison mais en remettant en question, pas en resserrant les rangs mais en les ouvrant et en cherchant à être le creuset, le croisement et le forum permanent de toutes les expériences.

Pascal (comité personnels des facs Paris 13)

jeudi 19 mai 2011

Pour un débat sur les questions de construction et de fonctionnement

La crise du NPA n’est en son sein un mystère pour personne et le 1er congrès de notre parti, loin d’y avoir remédié, en a encore accentué les traits (Voir notre texte : « Pour remettre le NPA sur les rails de son projet fondateur »). Symptôme de cette crise : deux ans seulement après leur adoption, les textes fondateurs du NPA sont déjà devenus un « héritage sans mode d’emploi », puisque chaque tendance ou presque s’en réclame, trouvant dans ces textes ce qu’elle veut bien y chercher. 

Il serait puéril de ne voir dans cette crise que le produit de carences personnelles, et insuffisant d’en réduire la portée à des conditions objectivement difficiles. Il faut donc de manière urgente en rechercher les causes et les moyens d’en sortir et, pour cela, faire le bilan de 2 ans de construction du NPA en revenant sur le projet initial. Dans les discours prononcés par Olivier de l’été 2007 à la fondation du NPA en janvier 2009, deux nécessités revenaient fréquemment concernant ce nouveau parti que nous voulions construire : il devait reprendre « le meilleur des traditions du mouvement ouvrier » et se montrer ouvert à tou-te-s, particulièrement à celles et ceux qui – dans les entreprises, les quartiers populaires et la jeunesse – résistent au quotidien mais n’ont pas trouvé jusque là de parti où s’engager. 

C’est cette double promesse initiale qui a permis, dans un premier temps, de rassembler nombre de militants issus de traditions politiques très diverses, ou d’individus sans expérience militante mais décidés à se battre ensemble contre le capitalisme. Or, force est de reconnaître que le NPA n’a pas su faire face à cet afflux militant, rapidement épuisé d’ailleurs. Pire, le 1er congrès a largement reconduit un noyau dirigeant qui n’a fait aucun bilan de son action, auquel aucun mandat clair n’a été assigné, et qui est issu pour sa grande majorité du noyau dirigeant de l’ex-LCR. Obtenue dans des conditions bien peu démocratiques, cette autoreproduction devrait nous interroger quant au fonctionnement interne de notre parti, qui n’est tout simplement pas parvenu à faire émerger de nouvelles figures dirigeantes (ayant notamment fait leurs preuves lors du mouvement social de l’automne). Au passage, il n’est pas anodin que les statuts du NPA, votés lors du congrès fondateur, soient encore « provisoires » et n’aient fait l’objet d’aucune discussion lors du 1er congrès. 

Structuré en outre autour de tendances largement héritées de la LCR, notre parti est engagé dans un débat d’orientation permanent qui favorise les bretteurs, dont les discours bien rôdés ne sont d’ailleurs pas toujours suivis d’actes militants, et tend à faire de notre parti une coalition de coalitions. Ce fonctionnement en tendances demeure peu compréhensible pour la grande majorité des nouveaux militants, qui ne parviennent pas à s’approprier des débats où règne la manie de la démarcation à la virgule près (plutôt le pire que le meilleur des traditions d’extrême-gauche). Il privilégie l'affrontement sur des plates-formes à la collaboration sur une construction commune et n'est pas en soi une garantie de démocratie. Surtout quand cela revient à privilégier ceux qui se sont investis dans la construction de ces courants, souvent au détriment d'un travail militant de terrain. Nous ne sommes évidemment pas hostiles à l'existence des tendances, mais nous aspirons à la limitation de leur action sur l'élection des directions, qui doivent représenter le travail militant réel (construction et animation des comités, des départements et régions, animation des commissions nationales), et pas seulement le discours sur ce travail. 

S’impose donc un débat impliquant l’ensemble du NPA concernant les questions de construction et de fonctionnement. Or, deux illusions (qui sont deux raccourcis) empêchent pour l’instant la tenue de ce débat :
            - ces questions ne seraient pas politiques mais purement techniques, et il suffirait d’adopter la « bonne orientation » pour sortir de la crise du NPA, chaque tendance prétendant détenir cette orientation miracle.
            - la candidature d’Olivier permettrait de résoudre la crise du NPA, en remettant le parti en ordre de marche, en stoppant l’hémorragie militante et en attirant de nouveaux adhérents. 
Sur le premier point, peut-on soutenir sérieusement qu’il est plus politique, dans une organisation qui affirme à juste titre la priorité des luttes sociales sur les échéances électorales, que des centaines d’heures de débat soient consacrées à la question de nos alliances… électorales ? Ces deux dernières années ont au moins montré, si on l’ignorait, que construire un parti anticapitaliste de masse constitue une tâche extrêmement difficile, et ce malgré un mouvement social d’ampleur historique. S’interroger collectivement sur le bilan, les conditions et les modalités de cette construction devrait donc constituer pour nous une priorité politique. Quant au second point, que l’on soit en faveur ou non d’une troisième candidature d’Olivier à la présidentielle, celle-ci ne pourra au mieux que suspendre la crise de notre parti, liée en bonne partie à l’absence de bilan et de discussion collective sur les questions de construction et de fonctionnement. Au demeurant, il n’est pas du tout certain que le parti puisse dans l’état actuel se rassembler suffisamment pour aller chercher les 500 signatures et, si cette campagne s’avérait un succès impulsant une dynamique militante, les mêmes questions se reposeraient de toute façon avec encore plus d’acuité. 

La conférence nationale de juin sur les présidentielles ne doit donc pas être une énième (et inutile) confrontation de tendances mais permettre de poser ces questions. Nous demandons notamment que des règles de fonctionnement soient définies pour organiser :

1. La rotation et la révocabilité des mandats, dont le principe figure dans nos statuts provisoires, ainsi que le fonctionnement en travail coopératif, permettant la formation de nouveaux dirigeants dans l'ensemble des instances de l'organisation. 

2. La représentativité du CPN en fonction des tâches réelles et de l’implantation militante, ainsi que l'élection des personnes sur la base de mandats clairs sur lesquels un bilan pourra être fait. De ce point de vue, la question des collèges se pose pour une représentation réelle des régions en fonction de leur nombre de militants, de la représentation des secteurs, et des tâches centrales (un tiers des membres du CPN sont issus de deux départements : le 75 et le 93). 

3. Le fonctionnement des plates-formes. Que le droit de tendance soit pleinement assuré à l’occasion  des congrès est une nécessité démocratique. Mais ces tendances doivent-elles structurer l’organisation de manière permanente entre deux congrès, avec toutes les dérives que l’on a notées plus haut, et la direction doit-elle seulement refléter le rapport de forces entre tendances ? 

4. Les relations entre le CE, le CPN et les commissions. Celles-ci doivent être redéfinies (ou plutôt définies) pour que le CPN ne soit pas uniquement une chambre d'enregistrement des décisions du CE, mais l'instance qui définisse véritablement les orientations entre deux congrès. Par ailleurs, pour que la richesse de l’élaboration des commissions soit utile au CPN, il faudrait que chaque commission puisse y mandater l’un de ses membres. Ainsi chaque commission pourrait suivre les débats et apporter sa contribution selon l'ordre du jour.

5. Le système de communication du parti, des tracts nationaux jusqu’à la revue en passant par l’hebdo et les brochures, qu’un bon nombre de camarades ne sont pas parvenus à s’approprier et qui ne semble pas pour l’instant répondre aux défis qu’appelle la création d’un nouveau parti. 


Ugo (avril 2011)

mercredi 11 mai 2011

Pour un nouveau parti

Nouvelle époque, nouvelle période, nouveau parti : c'est cette problématique qui a conduit à la construction du NPA en considérant de plus que le type de parti issu de l'après-68 ne correspondait plus à la situation, au moins en ce qui concerne l'Europe. En effet, dans une situation de recul important de la conscience de classe et où le mouvement ouvrier est sur la défensive (ce qui n'exclut ni mouvement social d'ampleur : sur les retraites en 2010 ou en Grèce 2009, pour ne prendre que ces exemples), la forme-parti extrêmement délimité sur le plan politique ne peut fonctionner. Le pari était audacieux et si aujourd'hui, le projet est manifestement en crise, il est toujours d'actualité et indispensable.
Aborder les questions de  construction et de fonctionnement du NPA, à partir des 2 premières années d'existence est indispensable, répondre aux interrogations des militantes et militants, aux doutes de celles et ceux qui sont en ce moment en stand-by, est indispensable pour éviter qu'à court terme, il ne reste de tout ceci rien de nouveau, une organisation sans dépassement (voir au pire une réduction) de l'ancienne LCR. Beaucoup de camarades rétorquent qu'il faut régler les questions d'orientation au préalable. Cette argumentation est un retour aux logiques de confrontation et de fonctionnement de parti des années 70 où pour avancer, fonctionner il fallait se mettre d'accord sur tout. Or, que ce soit sur la question des alliances électorales, sur celle des religions ou bien d'autres, les divergences existeront toujours et seront à retraiter à chaque moment en fonction de l'analyse concrète des faits concrets.
Il est illusoire de considérer qu'il serait possible de se mettre d'accord sur tout de façon durable à moins d'être dans une logique de découpage à l'extrême du parti en courants voire en fractions. Notre dernier congrès (type congrès de Rennes du PS du début des années 90)  est l'illustration que cette logique conduit à l'impasse, que nombre de militantes et militants ne s'y retrouvent pas et qu’elle est source de découragements. Pire : alors qu'il s'agissait de construire un parti large et ouvert, le poids de la direction centrale apparaît pour beaucoup à la fois comme incontournable et comme un obstacle pour dépasser les difficultés. Heureusement que la plupart des comités et instances fonctionnent et avancent de manière bien plus responsable.
Le contexte politique actuel dans les pays européens devrait conduire à considérer les questions sur le moyen et long terme : il n'y aura pas de transcroissance rapide d'un parti type NPA en parti de masse à court terme ; il n'y a pas non plus de raccourci qui le permettrait. Il s'agit donc de s'atteler à une vision moins spontanéiste de la construction du parti que celle qui prévalait implicitement lors du congrès de 2009, dans une situation où nous pouvons être durablement à contre-courant.
Ceci suppose plusieurs pistes de discussion :
●         Revenir sur la place centrale des courants occupée lors des congrès : bien sûr, ceux-ci doivent être présents avec tous les droits d'expression et d'organisation, mais une pondération devrait exister permettant la représentation des instances (comités, coordinations de comités,  commissions) au CPN comme cela avait été évoqué par plusieurs contributions. Il s'agit de rompre avec la conception d'une construction du parti par le haut, par ses courants qui a prévalu au congrès, ceci étant contradictoire avec la priorité donnée au congrès de fondation  aux comités, et structures de base. Un tel changement qui devrait intervenir au prochain congrès permettrait de faire du CPN un véritable outil d'animation de mettre de la fluidité dans notre fonctionnement général et de bien mieux mutualiser les compétences nombreuses qui existent dans le NPA
●         Limiter le nombre de mandats consécutifs au CPN et au CE doit être aussi un objectif pour le prochain congrès. (On ne peut pas revendiquer pour la société dans son ensemble ce que l'on ne s'applique pas à nous-mêmes).
●         La constitution de nos comités sur base géographique de manière quasi exclusive élude et marginalise de fait notre travail entreprises et notre travail syndical. Sans bouleverser cette structuration, ces 2 questions mériteraient une réflexion approfondie. Le succès de notre conférence du 11 décembre malgré une préparation tardive est un point d'appui incontestable.
●         L'articulation entre notre propagande, nos journaux locaux, l'hebdomadaire, la revue et l'activité quotidienne sont aussi à traiter rapidement ; si des comités achètent et vendent le journal avec difficulté certes, mais avec des résultats, cela devrait être largement généralisable.
La conférence du mois de juin devrait être l'occasion de commencer à aborder ces points, de façon à irriguer l'ensemble du parti dans ce débat d'ici notre prochain congrès. 

Bernard, le 2 mai 2011.

dimanche 8 mai 2011

Remettre le NPA sur les rails de son projet fondateur

Deux ans après la création de notre Nouveau Parti Anticapitaliste, des révolutions éclatent partout dans le monde arabe, des révoltes et autres résistances sociales se multiplient en Europe, montrant la réponse appropriée à la crise du capitalisme. Tous ces évènements témoignent, s’il en était encore besoin, que le NPA est un outil indispensable et du rôle qu'il doit pouvoir jouer dans la période. Mais le congrès de février 2011 a aggravé le désarroi des militants plutôt que fait progresser la construction de notre parti.
Le résultat le plus clair du congrès a été l’auto-reproduction d'une direction qui ne tire pourtant aucun bilan de son action et à laquelle aucun mandat clair n’a été donné. Sa légitimité est donc sérieusement mise en doute. Nous avons construit le NPA pour nous doter d'un outil politique qui dépasse les groupes d'extrême gauche, rassemble largement les anticapitalistes et touTEs celles et ceux qui veulent changer de société et non l’aménager. L'outil est toujours pertinent, l'espace politique est là.
Les derniers mois ont montré que notre parti était bien vivant et pouvait être utile : participation aux mobilisations contre la réforme des retraites, campagnes pour les droits des femmes, campagnes antiracistes, campagnes de soutien aux révolutions arabes, participation à la campagne BDS, et aujourd’hui, lancement de la campagne contre la prochaine réforme de la dépendance par Sarkozy, campagne contre la tenue du G8 et du G20, etc. 
Malheureusement, le congrès n'a pas tiré parti de cette vitalité pour aller plus loin sur ce qui nous rassemble, pour donner des règles lisibles au fonctionnement interne du NPA et pour que les militantEs (notamment les nouveaux-elles) puissent s’approprier véritablement les tâches de construction. Ce projet ambitieux et novateur, le NPA, est aujourd'hui en danger. La crise actuelle ne pourra se résoudre sans faire le bilan des deux années écoulées et sans débattre à nouveau  touTEs ensemble de la construction de notre parti, et sans critiquer fermement l’illusion qu’une candidature (et un éventuel « bon score ») d’Olivier aux présidentielles permettrait de résoudre toutes nos difficultés. Au contraire, ce congrès a fait éclater au grand jour la crise de direction qui existe depuis déjà plusieurs mois dans l'organisation.
La première erreur a été de noyer les questions de construction dans des textes d'orientation générale. Si on y ajoute qu'au cours du congrès les textes d'orientation ont été discutés en plénière, la construction réelle du NPA n'a pas pu être débattue tout au long du congrès, en dehors des commissions qui se sont tenues sur le bilan - pendant deux heures - sans aucun vote sur des propositions réelles pour l'avenir. Et pourtant, ça n'est pas faute d'investissement des militants, ni manque d'intérêt des délégués. Alors que des textes et des motions ont été votés lors des AG pour être discutés au congrès, aucun travail de diffusion de ces contributions n'a été fait jusqu'au congrès, ni pendant ces trois jours. Résultat: ce travail de tout les comités sur une multiplicité de thèmes, véritable richesse pour le parti, et qui aurait dû faire l'objet d'un débat propre à en dynamiser la réflexion, a été totalement ignoré.
La deuxième grosse erreur a été l'absence totale de débat collectif sur la direction dont nous avons besoin à l'étape actuelle de la construction du NPA. A aucun moment les critères sur lesquels la direction devait être constituée n'ont été débattus. Ces questions ont été plus ou moins traitées dans les différentes plateformes, alors qu'il s'agit d'une direction pour l'ensemble du parti et qu'il aurait dû y avoir une discussion collective.
La commission des candidatures prévue (regroupant l'ensemble des positions) n'a pas du tout fonctionné. L'avis des comités comme celui des instances n'a pas été consulté. Résultat : nous avons aujourd’hui une direction qui risque de passer à côté des échéances à venir. Ainsi, pour donner deux exemples, au moment où le FN reprend l'offensive, il n'y a personne au CPN pour la commission antifasciste. De même, tandis que des révolutions éclatent dans les pays arabes, un seul camarade a été élu au titre de la commission internationale.
En général, les élus (indépendamment de leur tendance) devraient l'être au titre d'une responsabilité de construction locale, de secteur ou de branche, et c’est sur cette base qu’ils devraient faire des bilans au congrès suivant.
Par ailleurs, le CPN n'est pas assez représentatif de ce qu'est le NPA, notamment, en termes géographiques : 53 membres du CPN sont dans le 75 ou le 93 sur 161 membres, alors qu'il n'y en a aucun dans le 78 ni dans le 95 sans compter la région Champagne Ardennes qui n'en a pas non plus.
Du côté de la sociologie du CPN, les professions n'ayant pas été prises en compte et n'étant pas indiquées, il est difficile de connaître précisément le secteur d'intervention des membres du CPN. Néanmoins, il est clair que certains secteurs sont sur-représentés (l'enseignement, notamment), alors que les salariéEs du privé, précaires et privéEs d’emploi, etc., sont trop peu nombreux. Nous pouvons suivre l’exemple de la parité femmes/ hommes : si les femmes ne sont malheureusement qu’un tiers des membres du NPA, la parité au CPN vise à corriger cette disparité, provisoire, espérons-le. Il serait ainsi bon d'être volontariste dans l'élection de notre direction pour qu'elle reflète davantage ce que nous voulons pour le parti, c'est-à-dire une direction à l'image des militantEs, de la diversité de nos interventions, de nos professions, de nos régions et enfin de nos priorités affichées : jeunesse, entreprises, quartiers populaires.
Nous revendiquons au quotidien le meilleur des traditions du mouvement ouvrier dans nos syndicats, associations, collectifs, etc. Nous ne pouvons donc continuer à construire une organisation qui ne pratique pas ce qu'elle revendique. Élection de dirigeants sur la base de bilans et de mandats clairs, limitation des mandats dans la durée pour permettre une véritable rotation, révocabilité des élus (et donc bilans réguliers des instances dirigeantes, nationales et locales), travail coopératif permettant de former de nouveaux dirigeants et de nouvelles dirigeantes doivent être plus que des mots d'ordre si l’on veut voir émerger une véritable démocratie interne. Un parti qui critique la bureaucratisation du mouvement syndical doit se fonder sur des pratiques exemplaires et un fonctionnement compréhensible pour touTEs. C’est la condition sine qua non pour que la construction du NPA – dans la jeunesse, le monde du travail ou les quartiers populaires – soit prise en charge par l’ensemble des militantEs.
Nous demandons à ce que le CPN ne reproduise pas, pour l'élection du Comité exécutif, les erreurs du congrès :

·      En l'absence de bilan détaillé, il n'y a aucune raison pour que les membres du CE sortant  soient reconduits automatiquement.
·      Que les membres du CE soient élus pour assumer des tâches politiques précises correspondant aux orientations du NPA dans la période actuelle et que le CE reflète enfin le meilleur des traditions du mouvement ouvrier en conformité avec le projet initial du NPA.
·      Que la répartition des rôles entre CPN, CE et commissions soit redéfinie, afin que le CPN ne soit pas uniquement une chambre d'enregistrement des décisions du CE, mais l'instance qui définisse véritablement les orientations entre deux congrès.
·      Qu’en complément des textes fondateurs, une durée ou un nombre pour la limitation des mandats (CPN, CE) soit enfin défini.
·      Pour que la richesse de l’élaboration des commissions soit utile au CPN, il faudrait que chaque commission puisse y mandater l’un de ses membres. Ainsi chaque commission pourrait suivre les débats et apporter sa contribution selon l'ordre du jour.

La conférence nationale du mois de juin peut être, si nous le décidons rapidement, l'occasion de discuter et commencer à résoudre les problèmes non réglés au congrès pour se remettre en marche. La construction du NPA doit être le premier point à l'ordre du jour de la conférence et être débattue par tout le NPA dans les trois mois qui viennent.
Dresser le bilan des différents secteurs d'intervention et de toutes les commissions, discuter avec les membres fondateurs qui sont partis, faire les bilans de notre mode de fonctionnement, des campagnes, trouver des solutions aux difficultés rencontrées (cotisations, souscription, campagnes...) est indispensable pour élaborer des perspectives crédibles de construction et de développement. Ce n'est qu'à la condition que nous ayons un socle commun, politique et organisationnel, que nous pourrons aborder la campagne présidentielle dans les meilleures conditions. C'est aussi la  condition indispensable pour mener les discussions politiques qui intéressent toutes et tous les militantEs (notamment l'état du mouvement social après la défaite sur les retraites, la  montée du FN et la tactique vis-à-vis du Front de Gauche). Quel que soit le choix final sur la candidature.

       Inquiets, mais déterminés à en revenir aux principes et à l'esprit du congrès de fondation, nous nous constituons en en groupe de discussion et de propositions pour sortir le NPA de sa crise.


SIGNATAIRES : Thibault Blondin (Montreuil 93), Dominique Angelini (Vitry 94), Patrick (75018), Séb (31), Emmanuelle Plantevin-Yanni  (sud-ouest Lyon 69), Véronique Decker (Bobigny 93), Totem (94), Milo (Industrie graphique 91), Didier Levy (Fontenay 94), Gérard (91), Jean-Yves Lesage (CPN, Industrie Graphique 93), Fanny X (31), Guillem (Bobigny 93), Christelle Glemet (inspection du travail 75), Alan (Montreuil 93), Pierre Odin (Science-Po 75), Julien Sergère (Saint-Ouen 93), Éliane (91), Bernard (Vitry 94), François Brun (75020), Sylviane (Fontenay 94), Tof (Montreuil 93), Fred S. (Industrie Graphique 93), Solène Brun (75), Jérôme (93), Sylvain (75020), Jean-Paul Brinon (Industrie Graphique 93), Manu (Industrie Graphique 93), Éléonore (75020), Pascal (personnels esr 75), Jojo (Industrie Graphique 93), Pierre (75018), PP (Montreuil 93), Ugo (75), Fabien Sacor (75018), Pierre C. (Montreuil 93), Ludo (75), Émilie (93), Carlos (Nord Essonne 91), Valérie (Rosny sous bois 93), Vincent (Nord 19e 75), Pascal (Ivry 94), Olivier Foucher (Montreuil 93), Erwan B (Industrie graphique 93), François Grosbois (75020), Carine (91)), Gérald (Clichy 92nord), David Dauver (91), Nadia B. (75018), Leïla Bon (Vigneux 91), Charlie (94), Régis (75013), Flora (fac Paris III 75), Amaël (Saint-Denis université 93), Sébastien Ville (Aulnay 93), Salomé Losa (75020), Emmanuelle (Saint-Denis 93), Manue (75018), Michel Auslender (75), Marco (75020), Marie (Bobigny 93), Ester (91), Nicolas (75014), Christine (Ivry 94), Étienne (Saint-Denis 93), Jérôme Vernay (42 Nord).